Retour sur l’atelier avec les pompiers

Une séance d'innovation ouverte pour répondre à 3 problèmes

Jeudi 22 octobre 2020, dans le cadre du dispositif Territoires Solutions porté par French Tech in the Alps – Grenoble en collaboration avec Minalogic et avec le soutien de Grenoble Ecole de Management, le SDIS 38 est venu chercher des idées nouvelles sur des sujets sans réponse depuis des années.

Dans une ambiance créative et bienveillante,  plusieurs ateliers se sont enchaînés sur une méthode d’innovation ouverte, permettant aux entrepreneurs locaux et aux personnes intéressées d’échanger sur des préoccupations inhérentes au métier de sapeur-pompier. Ce mélange de compétences et de points de vue a permis une effervescence d’idées et de recommandations tout au long de la journée.

A travers cet évènement participatif avec des intervenants venant de tout le sillon alpin, c’est finalement tout un écosystème qui s’est rassemblé pour traiter 3 problématiques du SDIS 38 :

  • Comment optimiser le suivi ainsi que la gestion de nos engins et de notre matériel ?
  • Comment présenter en temps réel (sur un support unique) toutes les informations permettant de se rendre sur intervention et d’analyser la zone d’intervention ?
  • Comment permettre l’accès simplifié à l’information opérationnelle essentielle depuis le terrain ?

Les ateliers ont été animés par les équipes de French Tech in the Alps – Valence Romans

Pompiers 11

La gestion des engins et du matériel opérationnel

Les engins d’intervention et le matériel opérationnel représentent la boîte à outils des pompiers une fois arrivés sur les lieux d’un incendie ou d’un accident. Cette boîte à outil là se distingue par la quantité et la diversité d’appareils, de tuyaux, de signalisation etc. qui la composent. Tout cela représente des centaines de kilogrammes de matériel à entretenir et à remplacer quand il est nécessaire.

Actuellement, l’état-major du SDIS 38 a une excellente gestion des stocks ainsi qu’une organisation quasi parfaite. Cependant, un point échappe pour l’instant aux équipes, il s’agit de l’utilisation réelle des engins et du matériel en intervention.

Par exemple, sur 100 départs de la grande échelle, combien de fois est-elle effectivement déployée ? Parmi les outils de découpe des voitures lors des accidents de la circulation, lesquels sont utilisés le plus fréquemment ?

Ce genre de questionnement tend à optimiser la maintenance et le remplacement des équipements afin de garantir la sécurité des pompiers au quotidien.

Les réflexions issues de l'atelier

Rapidement, il est apparu impossible de réaliser dans le cadre de cet atelier la liste des matériels d’intervention pour lesquels il serait utile de disposer d’informations.

Il est donc décidé de prendre l’exemple d’un équipement (l’appareil respiratoire) pour voir comment il est sorti du véhicule pendant l’intervention, s’il a été porté, s’il a été utilisé lors de l’intervention. Les participants à l’atelier s’accordent pour dire qu’il est possible de numériser cette remontée d’information mais avec des moyens technologiques importants.

Cet exemple concret montre que chaque « objet » à tracer devra faire l’objet d’une analyse particulière. Finalement, les pompiers eux-mêmes ne sont-ils pas les mieux placés pour indiquer ce qui a été fait sur le terrain ?

Le problème reste qu’il leur est déjà demandé beaucoup d’informations au travers notamment des Compte Rendus de Sortie Sécurité.

L’une des solutions identifiées par le groupe de travail consisterait à optimiser les saisies en vue d’obtenir des informations sur les usages des matériels, tout en évitant d’allonger le temps que doivent dédier les pompiers au reporting.

Une autre solution consisterait à équiper certains objets, pour que des informations puissent provenir d’équipements électroniques (objets connectés).

Les participants à l’atelier ont remonté une point de vigilance : la donnée n’a pas de valeur ajoutée si elle n’est pas analysée et intégrée dans un système de décision.

Parmi les « incitations possibles » pour les pompiers pour les motiver à renseigner le système d’information, un intéressement a été évoqué par le groupe.

Zone

L’analyse de la zone d’intervention

La zone d’intervention représente la partie critique de toute opération du SDIS 38. En effet, avoir une vision d’ensemble de ce qui se trouve sur le lieu d’un accident ou d’un incendie est primordial pour optimiser le protocole à mettre en place.

Cependant, cette problématique est très complexe car elle dépend de multiples facteurs dont les pompiers n’ont pas toujours la maîtrise. L’état de la route, l’étroitesse des chemins, la présence de nombreuses personnes, le fonctionnement des bornes à incendie ne sont que la partie visible de l’iceberg de données à analyser.

Aujourd’hui, tout départ en intervention est accompagné d’un ticket de départ présentant les informations principales. Le responsable de l’intervention part donc avec ces informations, et doit entreprendre de se renseigner sur des cartes afin d’avoir une analyse plus fine.

Le problème est que cette recherche est difficile à faire durant le trajet car cela voudrait dire partir avec des classeurs de cartes entiers pour certains sites.

Les réflexions issues de l'atelier

 

Comment favoriser l’accès à l’information sans submerger les équipes ?

L’un des risques identifiés est d’apporter trop d’informations qui viendraient submerger les équipes. Une bonne manière d’éviter cela serait de parvenir à une priorisation et un pré-traitement des informations. Par exemple : la catégorie de l’intervention saisie par l’opération au moment du signalement entraîne l’apparition sur les supports des principales procédures correspondantes. Néanmoins, il est important que toute l’information du SDIS reste accessible à tout moment, si celle qui est poussée automatiquement n’est pas suffisante ou que la situation évolue.

Comment inclure des témoins et optimiser la remontée terrain sur incident ?

Les témoins peuvent apporter des éléments précieux. Les réseaux sociaux pourraient être utiles pour récolter des informations en amont et pendant l’intervention.

Des témoins sur site peuvent publier sur les réseaux des photos utiles à l’analyse de la situation alors que l’équipage est encore en caserne ou dans les véhicules. Si la zone d’intervention est étendue, il peuvent fournir des informations à un instant T qui n’est pas forcément perceptible sur site.

Comment inclure les autres sources d’informations ?

Il faudrait que le système d’information puisse communiquer en partie avec les autres acteurs intervenants (gendarmes, secours en montagne etc.).

Il existe beaucoup de données existantes chez d’autres acteurs, qui sont prêts à les partager, ou sont même déjà accessibles en ligne (ex : Open Street Map, infos publiques)

Les pistes : parvenir à un cahier des usages et des données

Le cahier des usages précisera les besoins d’information en contexte ; c’est-à-dire être capable d’imputer qui est le bénéficiaire de l’information et à quel moment celle-ci lui est réellement utile.

Le cahier des datas permettra de déterminer les “trous dans la raquette” et les raisons de non-utilisation. Il faudrait distinguer les données existantes / utilisées / manquantes.

L’accès à l’information opérationnelle sur le terrain

Aujourd’hui, l’accès à l’information est un point stratégique pour toute entreprise et l’est encore plus pour le SDIS 38, pourquoi ?

La richesse de documentation dont dispose le SDIS 38 est un trésor, issu d’années d’expérience et d’optimisation afin de couvrir tous les cas possibles et imaginables sur le département de l’Isère. Tout est renseigné, de la simple intervention de routine jusqu’à la catastrophe d’explosion chimique, l’incendie d’une prison ou la collision d’un tramway.

C’est ce dernier cas concret de soulèvement d’un tramway lors d’une intervention récente qui a fait naître cet atelier. Chaque tramway est différent et nécessite une procédure adaptée, présente dans les bases de données du SDIS 38. Cependant, ces informations sont soit dans un format papier inaccessible sur le terrain, soit disponible via un intranet utilisable via les ordinateurs de l’état-major.

Dans ces conditions, le travail des pompiers sur le terrain devient plus long et périlleux. Ils doivent contacter la société de tramway, attendre des techniciens, éviter le suraccident et intervenir avec des collaborateurs externes au SDIS 38. Pour ces interventions plus complexes, la centrale et ses opérateurs sont dédiés à l’équipe présente sur le terrain.

Sur les interventions régulières, les équipes ont pleinement intégré les pratiques et les adaptations possibles.

C’est sur les situations moins courantes que se fait sentir le besoin de recourir à de l’information, de la documentation voire de la formation. Plus la situation comporte de l’incertitude, plus il faut d’informations.

Les réflexions issues de l'atelier

La piste : standardiser la classification et l’indexation des données

D’un côté, s’il existait une standardisation de la classification, cela permettrait aux extérieurs, notamment les industriels, de produire des documents directement compatibles et intégrables dans les systèmes d’informations du SDIS.

Cette standardisation pourrait permettre l’intégration rapide (quasi temps réel) de jeux de données externes.

De l’autre côté, l’indexation aurait l’avantage de permettre de personnaliser l’interface de chaque pompier en fonction de sa spécialité et de chaque type d’intervention qu’il réalise le plus souvent (dans certains secteurs géographiques, on réalise très rarement certaines opérations pourtant fréquentes ailleurs dans la même spécialité).

Il y aurait donc un catalogue personnalisé de documents qui serait poussé vers chaque individu.

 

L’information pourrait aussi être accessible directement sur les objets numériques ou non numériques (inertes mais pas forcément non communicants).

Par exemple, pourquoi ne pas demander à certaines organisations / entreprises à mettre des QR code fléchant directement sur la documentation spécialisée liée à l’objet ou le lieu.

 

SDIS 38

Et maintenant, quelles suites pour les pompiers ?

Avec l’aide de l’équipe Territoires Solutions, plusieurs actions ont déjà été prises pour suivre les conseils donnés lors de l’Open Innovation. Nous travaillerons tous ensemble à mettre en place les solutions retenues dans les mois à venir et faire progresser le SDIS 38.

A court terme, il a été retenu que le volet de l’amélioration du compte-rendu de sortie était une bonne base de départ pour enrichir la connaissance de l’utilisation du matériel en intervention. L’interface actuelle est vieillissante donc profiter de sa refonte pour enlever de l’information moins utile et la remplacer par des demandes à forte valeur ajoutée permet d’apporter du contenu. De plus, le rapport d’intervention étant utilisé par tous les pompiers du SDIS 38, c’est un élément qui a une forte visibilité. En faire la refonte, l’améliorer et le rendre plus facile à utiliser par les pompiers tout en incorporant des informations sur le matériel est une belle première étape imaginée dans le premier atelier.

Les ateliers suivants ont montré que la prise de conscience et la volonté de travailler de façon homogène sur la cartographie et la documentation était une étape sans quoi rien n’était possible. Ces sujets seront donc traités dans un second temps mais les actions concrètes sont d’ores et déjà lancées.

Cet événement a donc été une réussite pour le SDIS 38 qui a pu bénéficier de l’apport de multiples personnes venant de milieux différents et apportant chacun une vision différente. Les pistes concrètes qui ont été abordées et les fonctionnalités qui ont été détaillées permettent d’envisager des solutions aux problématiques énoncées.

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